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Les années d'université sont les meilleures de ta vie, disaient-ils !

23 May 2021 - par Layla

D’aussi loin que je me souvienne je n’ai jamais aimé l’école. À l’école primaire et au collège, je ne travaillais pas et j’étais nulle. J’ai finalement redoublé pour pouvoir aller dans un lycée général. Au lycée j’ai découvert que si je travaillais beaucoup, je pouvais avoir des bonnes notes et mes parents me donnaient alors beaucoup de liberté.

Alalala la liberté…

9 ans pour un master…

J’ai fait une préparation aux concours d’orthophonie en France. Autant vous dire qu’on étudie…. J’ai passé 3 concours, je les ai tous ratés. Mon papa était très malade à cette époque et il faisait beaucoup d’aller-retour entre la maison et l’hôpital. Moi j’avais la tête dans les bouquins et la tête ailleurs.

J’ai fait un an à la faculté d’histoire que j’ai réussi. Cependant, même si j’ai toujours adoré l’histoire, je ne me voyais pas faire ma vie là-dedans. Mon papa est décédé au début de cette année-là. J’avais la tête ailleurs.

À force d’avoir la tête ailleurs, on pense qu’en partant ça ira mieux. Je suis allée étudier à Neuchâtel, en suisse, la logopédie et la psychologie éducation dans le but de devenir orthophoniste. En allant en Suisse, je n’ai pas seulement découvert les magnifiques paysages, je suis aussi tombée sur une maladie qu’on appelle la dépression. On est devenu pote, peut-être même meilleure pote !

J’ai beaucoup bossé, j’ai beaucoup pleuré, je vivais dans 8m² . C’est si flou et pourtant pas si lointain.  J’étouffais à Neuchâtel.  J’avais envie de fuir cette nouvelle meilleure amie, ça faisait déjà 2 ans qu’elle était avec moi et elle devenait lourde ! Malgré tout, je réussissais à passer mes examens, pas haut la main, mais j’y suis arrivée. Pour passer en master en logopédie en Suisse, il faut réussir un concours. Il fallait que je me batte pour rester dans cette ville ! J’avais déjà du mal à me lever le matin. J’ai passé le concours avec si peu de conviction, je ne pense pas que j’avais les notes pour être accepté de toute manière.

J’avais un plan B… Bruxelles !

Bruxelles et le début des montagnes Russes !

 J’ai retrouvé un semblant de liberté lors de l’année passerelle que l’on doit effectuer lorsqu’on vient de Suisse pour entrer en Master. Nous avions peu de cours, la vie était moins chère, je pouvais donc sortir, boire des verres, aller au musée, les gens étaient plus ouverts, ça a été plus simple au début.

J’ai reçu la visite de ma meilleure amie lors de la première session d’examen, mais elle est vite repartie. Elle n’était plus aussi présente. J’ai cru avoir mis fin à notre amitié toxique de nombreuses fois, et pourtant… L’année de master 1 nous avions quelque chose comme 11 examens, le premier semestre, j’ai oublié le petit goût de liberté, ma meilleure amie est revenue, on formait un super trio elle, moi, mon anxiété. Je bossais le matin avant d’aller en cours, je chronométrais mes pauses, je bossais après les cours. Je n’avais pas de jour off, je culpabilisais de prendre une douche ou de regarder une série. Non, je n’avais pas des notes exceptionnelles, mais ça passait et encore j’ai eu mes premiers rattrapages ! Des rattrapages avec tous les efforts que je fournissais, des rattrapages !

On n’est pas égaux devant les études ! On n’a pas la même vie ! On n’a pas les mêmes cerveaux ! Mais en étude supérieure ça ne sera jamais, JAMAIS, pris en compte ! Vous n’avez pas le droit de vous perdre, vous n’avez pas le droit d’aller mal ! ON S’EN FOUT ! Vous n’existez pas, votre personne n’existe pas ! Vous êtes un numéro, qui échoue ou qui réussit. Et le temps passe, ça aussi la société vous le fait comprendre. 25 ans et toujours en étude ?? Quand les autres vivent leur vie. Parce que moi je n’ai rien vécu, enfermée dans cette chambre, dans ce studio, dans cette bibliothèque.

Pour finir, nous avons eu des stages… Les stages, l’évaluation constante, l’impression de ne jamais faire les choses correctement et de ne jamais avoir le droit à l’erreur. Le mémoire que j’ai réécrit 3 fois !

Finalement la réussite. Une réussite amère et triste. J’en ai pleuré pendant des heures quand j’ai compris que mon enfer était terminé !

Je ne voulais pas écrire cet article sans avoir assez de recul, sans en tirer les bonnes leçons, sans être adulte et responsable ! Mais finalement ce que j’ai vécu, c’était CA ! Pas une version édulcorée, pas un vieux souvenir brumeux, pas une version remplie de mais…

On m’avait promis un Graal, mon métier la logopédie ou l’orthophonie. Ce métier que j’aime, il n’en valait pas la peine, et j’espère revenir sur ce que je dis un jour, mais pour le moment il n’en vaut pas la peine. Le prix était trop grand. 

Je vais tout de même mettre un grand, MAIS, car j’ai fait de si belles rencontres. J’ai kiffé la bibliothèque, les cafés glacés, Roland Garros pendant les révisions. MERCI, Roland, d’exister pendant ce moment de l’année. Merci Bruxelles, meilleure ville ! Merci, maman pour le financement et les encouragements ! Merci Erik pour les conseils et pour réussir à me calmer quand je suis si mal ! Merci, Mathieu d’avoir réussi à m’aimer même pendant cette période !

Aujourd’hui, j’écris pour le plaisir d’écrire, je lis pour me divertir, je refais du sport, je cuisine parce que j’en ai envie et je reprends doucement goût à la vie.

 

Je ne sais pas si ce texte (beaucoup trop long) fera écho a d’autres personnes et si ce n’est pas le cas j’espère au moins que ça m’aidera moi, a tourner la page.

 

PS : Les photos que je vous ai mises c’est pour vous montrer à quoi ressemblait ma dépression vue de l’extérieur. Oui, on peut être dépressive et quand même avoir de bons moments, sourire et rire.

 

Merci de m'avoir lu et merci pour votre bienveillance !